l'Association

Le silence de l’analyste laisse croire que l’analyste serait le seul détenteur d’une pratique ascétique de la parole pour mener à bien la cure. Or, dans l’échange de la parole entre l’analysant et l’analyste, c’est en l’oubliant que le silence parle, file à travers des énoncés verbalisés et ce, au rythme des pulsions. Après avoir défini la pulsion comme le représentant du somatique dans le psychique, Freud, dans « Au-delà du principe de plaisir »,  dit que « les pulsions de mort paraissent accomplir leur travail sans qu’on s’en aperçoive » dans un mouvement à rebours de celui des pulsions de vie. Mais elles ne sont pas pour autant silencieuses, elles nous parlent en corps. Lacan franchira le pas en avançant que la pulsion supporte que le dire puisse prendre corps et, cela s’écrit. Autrement dit, le silence s’entend dans la textualité ou la musicalité de ce qui s’écrit, de ce qui fait obstacle au flux continu de la parole.

Dans Logique du corps et de la motilité, René Lew conclut son livre en sollicitant le lecteur : « si la fonction de la parole indique le flux de la signifiance, on peut à l’opposé discuter de ce que le templet porte de silence en lui ». Selon lui, le silence lui-même peut se saisir en extension selon les registres réel ― le silence de la mort ―, imaginaire ― le silence de la nature ― et symbolique ― le silence des pulsions. 

Alors comment saisir ces silences qui nous échappent et ne cessent pas de s’écrire ? Au fond, la question porte sur la lettre et comment elle réussit à faire obstacle, mais sans barrage, à la signifiance de la parole?

Dans la Logique du fantasme, Lacan va mettre en jeu la fonction de l’acte à propos : « D’une parole dont l’acte sexuel représente le silence ». Il noue l’acte au silence par le sexuel, ce qui nous invite à discuter en quoi le silence, effacé de toute consistance sonore, fait trace de l’acte analytique.

Abdou Belkacem

Inscription : 80 € (entrée libre pour les étudiants et les demandeurs d’emploi) à l’ordre de : Dimensions de la psychanalyse, 10 avenue Charles-Floquet, 75007 Paris.